• LES AMISH DÉTIENNENT-ILS LE SECRET DE LA LONGÉVITÉ ?

    Communauté Amish de Lancaster , Film Witness (1985) réalisé par Peter Weir.

    Publiée le mercredi 15 novembre dans la revue Science Advances une toute nouvelle découverte scientifique a montré que la communauté Amish de Berne (Indiana, Etats-Unis) possédait une espérance de vie plus longue que la moyenne américaine de 78,8 ans.

    Cette étude a fait l’objet de 177 sujets amish, âgés de 18 à plus de 85 ans. 43 d’entre eux s’avéraient être porteurs d’une mutation* génétique très rare du gène* Serpine 1, responsable de la production de la protéine* API-1 qui est à l’origine du vieillissement cellulaire.

    Tous se présentaient en meilleure santé que les 127 autres amish non porteurs de cette variation et semblaient souffrir nettement moins de maladies liées à l’âge et/ou à l’environnement telles que le diabète ou les maladies cardio-vasculaires.

    Douglass Vaughan, Président de la faculté de médecine de Feinberg et internes du Département de Pathologie de la faculté de médecine Feinberg (l’Université de Northwestern).

    L’équipe internationale de recherche dirigée par le professeur Douglas Vaughan, président de la faculté de médecine Feinberg (Université Northwestern de Chicago) a constaté que ces derniers possédaient dans leur ADN*, des télomères* 10% plus longs que la normale et que leur espérance de vie était plus longue en moyenne de 10 (d’après leurs estimations). Cette observation a permis aux scientifiques de confirmer leur théorie sur le rôle de la protéine PAI-1 dans la sénescence* qui avait précédemment déjà été mis en évidence lors d’expérimentations sur des populations de souris génétiquement modifiées*. Ils ont ainsi pu établir un lien entre l’augmentation du taux de cette protéine dans le sang de ces souris et leur vieillissement accéléré qui s’accompagnait de nombreuses pathologies* comme l’athérosclérose, neuro-dégénérescence et ostéoporose.

     

    Détection immunologique du marqueur de sénescence (vieillissement cellulaire) p16Ink4a dans les coupes rénales de souris Klotho saine (A et C) et déficientes en PAI-1 (B et D). La couleur rouge brique des noyaux montre l'expression positive de p16ink4a dans les panneaux A et C, et son absence d’expression en B et D.

    "C'est la première mutation génétique humaine que l'on trouve qui a un impact multiple sur les changements biologiques résultant du vieillissement", affirme le Professeur Vaughan à l'AFP.

    "Nous avons confirmé avec cette étude les résultats de précédentes études suggérant que la longueur des télomères est liée à l'âge chronologique et est en grande partie héréditaire", ajoute-t-il.

    Cette avancée scientifique s’inscrit dans le prolongement des découvertes liées la génétique Mendelienne* en permettant, grâce à l’étude de mutations génétiques chez des populations isolées géographiquement et génétiquement (les Amish), la synthétisation d’une nouvelle molécule expérimentale : la « TM5614 ». Celle-ci aurait pour objectif principal de neutraliser la protéine PAI-1 et d’ouvrir la voie à la mise au point de traitements contre la dégénérescence causée par l’âge.

    L’expérimentation de la TM5614 sur des cobayes animaliers a démontré avec succès son efficacité puisque ces derniers se voyaient non seulement être épargnés des maladies citées antérieurement, mais aussi multiplier par 4 leur durée de vie.

    Actuellement, cette molécule fait l’objet d’un essai clinique* de type I* au Japon sur 161 volontaires sains dont les données sont encore en cours d’analyse (donc indisponibles). Les autorités nippones ont récemment donné leur accord pour le lancement d’un essai de type II A*.

    "Nous pensons que ce médicament peut avoir un double effet en agissant sur les processus moléculaires du vieillissement et également sur les maladies qui y sont liées", juge le président de la faculté Feinberg.

    "Nous pouvons ainsi prolonger la vie en bonne santé....et aussi l’espérance de vie », conclut-il.

    LEXIQUE SCIENTIFIQUE

    Une mutation* est une modification aléatoire, rare et spontanée de l’information génétique (ADN).

    Un gène* est une portion d’ADN qui détermine l’expression d’un caractère héréditaire.

    Une protéine* est une macromolécule (grande molécule) du vivant composée d’un enchaînement d’acides aminés, constituants essentiels des cellules d’un être vivant (élément structurel et fonctionnel de base des tissus et organes). Une protéine correspond à l’expression d’un gène.

    L’ADN* (Acide Désoxyribonucléique) est une molécule qui est le support de l’information génétique. Sa forme physique est d’état variable, la plus connue étant le chromosome.

    Un télomère* correspond à morceau d’ADN situé à l’extrémité d’un chromosome qui a pour rôle de le protéger. A chaque division cellulaire, sa longueur se réduit progressivement, contribuant ainsi au vieillissement biologique des tissus cellulaires de l’individu.

    La sénescence* ou vieillissement, est un processus physiologique qui entraîne une longue dégradations des fonctions de l’organisme au cours du temps.

    Génétiquement modifié* organisme vivant ayant subi l’introduction artificielle d’un ou de plusieurs gène(s) suite à des manipulations génétiques.

    La pathologie* définit étymologiquement la branche de la médecine qui s'occupe de l'étude des maladies. Le terme « pathologie » a été étendu et est devenu un synonyme de maladie, dans ce cet article, il prendra la définition de maladie.

    La génétique* est la science qui étudie l’hérédité et les gènes. C’est une sous-discipline de la biologie. La génétique Mendelienne* correspond à l’ensemble de la génétique suit les règles de Grégor Mendel, à savoir : la loi d’uniformité des hybrides de première génération, la loi de disjonction des allèles et la de ségrégation indépendante des caractères héréditaires multiples.

    Un essai clinique* correspond à toute étude systématique d'un médicament chez l'homme, qu'il s'agisse de volontaires malades ou sains pour établir ou vérifier, selon le cas, certaines données thérapeutiques (efficacité et effets indésirables), pharmacodynamiques (mécanisme d’action sur l’organisme), et pharmacocinétiques (détermination de la forme galénique et posologie).

    Les essais de phase I* sont les premiers essais d'un médicament chez l'homme. Ils ont pour objectif d'évaluer la tolérance en fonction de la dose et de réaliser les premières études de pharmacocinétique pour établir un profil préliminaire du médicament. Ils incluent un petit nombre de sujets volontaires, le plus souvent sains. L'exposition au médicament est courte.

    Les essais de phases II A* permettent d’étudier en détails chez l’homme les propriétés pharmacodynamiques et pharmacocinétiques d’ores et déjà mises en évidence chez l’animal. Ils incluent également un petit nombre de sujets volontaires sains dont l’exposition au médicament est relativement courte.


    Par: Y.K

     


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