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    Tout d’abord, le féminisme c’est quoi ? Il s’agit d’un ensemble de mouvements et d’idées politiques, philosophiques et sociales, qui partagent un but commun : définir, établir, et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle et personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes.

     

    Le féminisme est international. Dans certaines régions du monde, il est ancré depuis des décennies, pour d’autres, il commence son entrée en scène. C’est le cas de pays comme le Maroc, qui s’ouvre doucement mais sûrement à la mondialisation et à de nouveaux courants de pensée.

     

    Comment voit-on le féminisme au Maroc ?  A travers les yeux de femmes, écrivaines, journalistes, philosophes, professeurs, et libres.

    J’ai décidé de vous présenter le portrait de deux grandes femmes qui ont osé faire bouger les choses au Maroc. Il s’agit de Asma Lamrabet et Leïla Slimani. 

     

    Portrait :  

     

    Asma Lamrabet,

     

    Cette chercheuse et écrivaine marocaine est engagée depuis plusieurs années sur la question de la femme, notamment dans l’islam. Elle tient de nombreuses conférences de part le monde et lutte pour l’émancipation des femmes musulmanes.

    Dans ses ouvrages et discours, on retrouve l’idée d’une lecture contextualisée du Coran pour éviter les mauvaises interprétations et cette image stéréotypée de la femme dans la religion.  Elle dénonce également une confusion des modèles et des principes “ ...il existe différents types de féminisme, car les priorités et les revendications des femmes peuvent changer selon les contextes…”; ainsi qu’une tendance au féminisme hégémonique blanc.  Enfin, elle espère une séparation de la religion et de la politique, car d’après elle “la laïcité dans ses principes nobles est la seule voie possible pour véritablement respecter les libertés individuelles tout en protégeant la religion.”

     

    Islam, femme, laïcité



     

    Leïla Slimani

     

    Ecrivaine franco-marocaine, et lauréate du prix Goncourt 2016 pour son roman “Chanson douce”, Leïla Slimani joue de sa notoriété pour faire entendre la voix des femmes musulmanes. Alors que la plupart des féministes musulmanes débattent sur des questions sociales, elle s’attaque à un sujet tabou de la société marocaine : la Sexualité. Revendiquant une femme marocaine libre de son corps ! Loin de la vierge ou de l’épouse !

    Dans ses écrits, elle dénonce une forme d’hypocrisie dans la société marocaine, avec un monde de la nuit qui s’oppose au jour par les moeurs. Ce phénomène serait entrainé par la honte et des contraintes imposées par la loi ressenties de manière trop pesante. De plus, l’écrivaine veut lutter contre les crimes sexuels et faire entendre ces femmes qui se cachent ou se suicident. Leïla Slimani ne cherche pas à faire du Maroc un pays aussi libre sexuellement que la France, mais aimerait que les femmes marocaines et musulmanes se sentent maîtresses de leur corps.

     

    Des tendances politiques, notamment islamistes, s’opposent au développement du féminisme au Maroc. On peut rapporter les paroles d’un certain Mohcine Ennadoui  dans son ouvrage ; “Les femmes sont des suppôts de Satan” ou encore “ces femmes rampent comme des vipères pour défendre les droits de Satan…”. Ce type d’idée est malheureusement très répandu dans la société marocaine. Mais le conseiller de Sa Majesté a cherché à intervenir en interdisant la publication d’ouvrages de ce genre. De plus, les médias et les réseaux sociaux sont le terrain de conflits entre féministes et opposants.

     

     

    S.A.

     


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  • Le 08 juin dernier, la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (COLIBE) a rendu public son rapport. Présidée par la députée féministe Bochra Belhadj Hamida,  cette commission a été formée suite à une initiative du président de la République tunisienne BEJI CAID ESSEBSI en août 2017. Elle avait pour mission de rédiger un ensemble de  «propositions de lois visant à faire correspondre l'arsenal juridique tunisien aux exigences d'égalité et de libertés individuelles »

    Le rapport en question est le résultat d’une trentaine de réunions , entre le 17 août 2017, date de sa création à l’instar de la fête nationale de la femme, et le 12 juin 2018 date de la remise de son rapport final.

    Composé de 235 pages, ce dernier se divise en deux grands chapitres formant également des projets de loi: l’un relatif aux droits et les libertés individuelles, l’autre à l’« égalité ».

     

    Le rapport publié il y a de cela trois mois contient un ensemble de résolutions : abolition de la peine de mort, l’égalité dans l’héritage entre l’homme et la femme, ainsi que dans l’attribution de la nationalité et le choix du nom de famille (possibilité de choisir celui de la mère), dépénalisation de l’homosexualité, Bannissement des tests anaux. etc... Il a bien évidemment engendré  des polémiques d’ordre religieux, politique et idéologique.



    Le but de cette commission est de lutter contre le poids de la religion et le caractère masculiniste et patriarcal de la société tunisienne tout en démontrant que souvent, pour justifier le second, on use du premier.

     

    Interprété comme une guerre envers la religion, peu soutenue par la population, réfutée par les imams zeitouniens, ce rapport  touche à des sujets assez tabous, allant à l’encontre des textes coraniques. Il représente une mesure sociétale tout à fait chamboulante pour la population tunisienne et fera donc l'objet de débats assez houleux entre les deux camps.

    Il demeure cependant assez légitime pour une société musulmane, pour la plupart conservatrice, d’être interloquée face à des suggestions telles que : la légalité de l’homosexualité, la fermeture des cafés pendant le mois de ramadan ou encore la suppression de termes tels que  "usages" "coutumes" de la constitution. Toucher donc à l’islam et aux valeurs d’une société paraît donc outrageant pour la majorité de la population tunisienne.



    Pour les membres de la commission, ce rapport présente bien plus qu’une simple élection mais laisse place à des enjeux historiques et civilisationnels.

    Selon Ikbel El Gharbi, anthropologue de religion et membre de la commission  « Il ne saurait y avoir de possibilité de progrès sans les libertés individuelles et sans égalité véritable »



    Le gouvernement ainsi que les membres de l'assemblée se retrouvent face à un dilemme cornélien, comme dirait Pascal “  Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà’’. Une vérité pour certains peut paraître une erreur pour d’autres. Alors, comment est -ce- que l’Etat va procéder pour  mettre fin à ce conflit idéologique ?

     

    H.B.


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